Bouger pour mieux vivre : l’activité physique adaptée au cœur du soin en santé mentale

À l’occasion du Forum national de la santé mentale en avril dernier, une table ronde a réuni soignants, chercheurs et sportifs de haut niveau autour d’un sujet encore trop peu exploré : l’apport de l’activité physique adaptée (APA) dans le traitement des troubles psychiques. Coordonnée par le Dr Jérôme Patzelo, psychiatre et champion du monde de traction, la discussion a mis en lumière une évidence partagée : bouger, c’est aussi se soigner. Loin d’être un simple complément, l’APA s’impose aujourd’hui comme un levier thérapeutique à part entière, à condition d’être encadrée, personnalisée et inscrite dans un parcours de soin global. À rebours d’une vision strictement médicamenteuse, ces experts ont défendu une approche globale, humaine et accessible de la santé mentale.
Replacer le corps au cœur du soin psychique
Une thérapie non médicamenteuse aux effets démontrés
Les bienfaits de l’activité physique adaptée sur la santé mentale sont aujourd’hui bien établis. Elle agit à plusieurs niveaux :
- Sur le plan biologique, elle favorise la neuroplasticité, réduit l’inflammation, stimule la production de dopamine et de sérotonine – des neurotransmetteurs clés de la régulation de l’humeur.
- Sur le plan psychosocial, elle contribue à renforcer l’estime de soi, le sentiment d’auto-efficacité et les interactions sociales, autant de leviers essentiels pour sortir de l’isolement et retrouver un équilibre psychique.
Considérée comme un « antidépresseur naturel », l’APA s’impose ainsi comme une approche thérapeutique globale, sans les effets secondaires des traitements médicamenteux.
Des témoignages forts ont illustré ces effets :
- Géraldine Philippe, psychothérapeute, anime des ateliers de boxe-thérapie où les patients réapprennent à habiter leur corps.
- Le rugbyman Raphaël Poulin milite pour briser le tabou de la santé mentale dans le sport de haut niveau, avec son association Néo Héros.
- Claire Prévaud, cadre de pôle hospitalier, a évoqué l’impact positif des jeux moteurs et unités d’activité physique adapté dans les services de psychiatrie.
Un soin à part entière, encore sous-prescrit
Si les bénéfices de l’activité physique adaptée (APA) sont aujourd’hui largement démontrés, elle reste encore trop peu prescrite dans les parcours de soins en santé mentale.
Lors de la table ronde, Nelly Héraud, directrice scientifique et de la recherche du Groupe, a rappelé que cette pratique souffre encore de freins persistants, tant chez les professionnels que chez les patients : idées reçues, crainte d’une fatigue accrue, peur d’une incompatibilité avec certains troubles… Ces représentations freinent sa diffusion, malgré une reconnaissance croissante de son efficacité.
Pourtant, ses effets sont d’autant plus puissants lorsqu’elle est personnalisée et encadrée par des professionnels formés. Intégrée à un parcours de soins coordonné — avec évaluation initiale, accompagnement régulier et travail en synergie entre soignants et experts APA —, elle devient un véritable levier de soin, de prévention et de remobilisation globale.
Une dynamique déjà engagée chez Clariane
Dans le cadre de notre approche Positive Care, Clariane s’engage à proposer une prise en soin globale, qui dépasse les seuls traitements médicamenteux.
Dans les cliniques SMR Inicea, l’intégration de l’APA au cœur du projet médical s’inscrit comme une orientation forte. L’objectif : proposer à chaque patient une évaluation de ses capacités, un programme personnalisé encadré par une équipe pluridisciplinaire, et un suivi régulier pour ajuster la prise en charge. Une dynamique qui se met progressivement en place dans les établissements du Groupe.
L’activité physique adaptée devient ainsi un outil de soin, de prévention, et de remobilisation globale.

Inscrire durablement l’APA dans les pratiques de soin de demain
L’activité physique adaptée ne doit plus être vue comme un plus mais comme une composante à part entière du soin psychique/de la santé mentale. Cela suppose de renforcer la formation, la prescription, et les passerelles entre soignants, éducateurs sportifs et structures locales.
En tant qu’acteur de santé engagé, Clariane souhaite contribuer à cette dynamique en soutenant des projets innovants, en valorisant les interventions non médicamenteuses et en promouvant une approche holistique du soin. En s’appuyant sur les dispositifs existants – comme les maisons sport-santé – et en développant des partenariats durables, Clariane affirme son engagement pour une santé mentale plus humaine, plus complète et résolument tournée vers l’avenir.
L’activité physique adaptée : définition règlementaire : « On entend par activité physique adaptée la pratique dans un contexte d’activité du quotidien, de loisir, de sport ou d’exercices programmés, des mouvements corporels produits par les muscles squelettiques, basée sur les aptitudes et les motivations des personnes ayant des besoins spécifiques qui les empêchent de pratiquer dans des conditions ordinaires. Elle est encadrée par des professionnels qualifiés
L’activité physique (OMS) : tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d’énergie. L’activité physique désigne tous les mouvements que l’on effectue notamment dans le cadre des loisirs, sur le lieu de travail ou pour se déplacer d’un endroit à l’autre. Une activité physique d’intensité modérée ou soutenue a des effets bénéfiques sur la santé.